Machiavelli and The Mayflower Blog
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03/20/10
Speech HEC 16/2/2010
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HEC Business Club ; Le Procope ; 16 février 2010

Mesdames et Messieurs,

Jean Coroller et Philippe Cizeau me font beaucoup d’honneur en m’ayant demandé de vous parler du contenu de mon livre, « Machiavelli and The Mayflower,» qui n’est disponible qu’en anglais pour le moment.  C’est le fruit d’une réflexion dont le but à l’origine, il y 10 ans, était de m’aider à comprendre pourquoi mes parents étaient si différents l’un de l’autre ; je précise tout de suite que ce n’est pas une étude Freudienne, mais un projet, dont la finalité était d’arriver à un modèle des valeurs et des comportements européens.

Mes Parents ont vécu 60 ans de mariage heureux; mais 60 années de schizophrénie culturelle

          L’un écossais, issu d’une famille protestante (Presbytérienne, c-à-d Calviniste) et monarchiste;

          l’autre italienne, issue d’une vieille famille catholique de Romagne, un des anciens états pontificaux ; républicaine ; admiratrice des Lumières, du Risorgimento et de Garibaldi.

Pour comprendre leurs différences, regardons un moment ce que cela veut dire d’être un homme du grand nord européen ou une femme du grand sud européen en fonction de l’influence du Monarchisme, du Protestantisme, du Républicanisme, et du Catholicisme:

Dans cet éventail politique, mon père était Monarchiste :

< ?xml:namespace prefix = st1 ns = “urn:schemas-microsoft-com:office:smarttags” />La Monarchie ; cette constitution millénaire, féodale, virile, militaire, où l’individu l’emporte sur la communauté :

La communauté n’a pas de sens en monarchie. Ce sont les valeurs du Prince de Machiavel, dont le but est de garantir, arrive quoi que ce soit, sa survie et celle de sa famille par la diplomatie ou par les guerres de territoire chauffées à blanc par la xénophobie; c’est le pouvoir personnel et absolu, en un mot, le privilège ; c’est, dans le nord de l’Europe, la création d’églises nationales et, dans les maisons d’Autriche et d’Espagne, l’alliance avec le Vatican, car même Rousseau, comme Machiavel, reconnait que le contrôle du peuple est bien plus facile si le monarque sait mettre le pouvoir religieux à son service.

La monarchie est le dernier bastion de la protection des biens individuels et familiaux contre un état rapace, qui défend plus volontiers les intérêts de la collectivité que les intérêts particuliers. C’est la protection de la famille royale par une série de cercles sociaux concentriques, impénétrables ; qui la séparent et la protègent des sujets, (et non pas des citoyens,) rangés par classes sociales, des plus aristocratiques aux plus intouchables ; une société qui mène chacun à adapter sa communication à la classe relative de son interlocuteur ; ainsi, le maitre parle autrement à son serviteur que celui-ci répond à son maitre : c’est ce service féodal « intuitu personae » entre maître et serviteur qui n’admet franchement pas l’idée d’équipe si chère aux républicains; c’est l’idéalisation des devoirs du serviteur au profit du maître, qui offre en retour le privilège ; c’est l’isolation en classes plutôt qu’unité du peuple; ce sont des codes stricts et formalisés de communication, non seulement au sein des classes, mais aussi entre elles; c’est le respect de la confidentialité; la discrétion; c’est la violence sociale cachée sous une apparence inoffensive.

Ceux qui sortent de telles sociétés, sont des Monarchistes, dont les valeurs sont ceux de :

          l’acceptabilité du privilège individuel ;

          la protection à tout prix des droits personnels ;

          l’idéalisation des devoirs avant celle des droits ;

          l’inexistance de la collectivité ;

          la forte identification de la nation avec la personne du monarque ;

          la formalité dans la communication orale ;

          la hiérarchie et l’aristocratie ;

          l’inclusion et l’exclusion des classes sociales ;

          la religion nationale et confortable, adaptée au besoin de contrôler le peuple ;

          la xénophobie et la méfiance compulsive de l’étranger ;

          le culte du secret

Parlons du Calvinisme :

La famille de mon père était Presbytérienne; c’est le protestantisme à la française de Jean Calvin dans la droite ligne de la pensée Cathare; un Protestantisme néanmoins adapté aux mœurs de ce pays pluvieux du nord qu’est l’Ecosse; c’est l’accueil de la richesse, le pragmatisme, la responsabilisation solitaire devant Dieu et devant son propre destin ;

Une religion dure, avec une doctrine sur la prédestination qui n’admet pas qu’un homme puisse gagner le salut par ses propres bonnes œuvres, mais qu’il est soumis à un destin personnel et immuable connu de Dieu depuis toute éternité; la logique déductive du Calvinisme aux sujets de l’omniscience et de l’omnipuissance de Dieu aboutissent nécessairement à la doctrine de la prédestination ; il tient que, puisque la pensée humaine est le don de Dieu et que l’homme est fait à son image, toute construction dogmatique pour nier la doctrine de la prédestination est irrecevable. Le Calvinisme rejette en bloc la tradition catholique post biblique ; il défend l’idée d’une religion qui tient compte de ce monde; une religion pragmatique plutôt que dogmatique; d’une pensée linéaire, empirique et humaine plutôt que mystique.

Selon Max Weber, le sociologue allemand, qui a identifié l’origine du Capitalisme avec le Calvinisme, le Calviniste accueille les richesses de ce monde en don de Dieu, richesses qui ne seraient accordées qu’à l’homme vertueux ; l’argent est donc un signe à posteriori que le bon Dieu lui a réservé un destin saint, et, puisque l’homme vertueux et ascétique ne dépense pas son argent pour son propre plaisir, il l’accumule et le constitue donc sous la forme de capital.

J’appelle le Réformiste la personne élevée dans une société protestante : peu importe qu’elle soit de religion protestante ou catholique, car elle se trouve influencée par les valeurs, les comportements et donc par la culture de la forte majorité protestante ; ces valeurs sont :

          le sens pessimiste de sa solitude devant son destin ; une solitude terriblement responsabilisante devant Dieu;

          l’intolérance du pécheur, qui est manifestement destiné à l’enfer, et dont le péché ne doit pas entrer en contact avec l’homme vertueux ;

          la suspicion de toute émotion trop manifestée;

          la pensée humaine de ce monde, linéaire, analytique, empirique, qui rejette le mysticisme, et donc le pragmatisme plutôt que le dogmatisme ;

          une grande tolérance à la pensée inductive; c.-à-d. à un cycle logique de faits>résultats>conclusions et non pas de thèse>antithèse>synthèse, que les Réformistes trouvent bien trop gâcheur de temps ;

          la préoccupation du temps, qui est un don de Dieu, compté à l’homme dans ce monde ;

          la satisfaction d’être un homme sauvé, s’il a de l’argent, rassuré par une tendance vers la modestie et vers l’ascéticisme pour se convaincre de sa vertu et de son salut ;

Malgré le soutien par Mussolini de la Maison de Savoie, les idées catholiques de ma mère étaient néanmoins assorties d’une éthique franchement Républicaine;

Elle a grandi dans le sillage du Risorgimento, de cette sensibilité populaire fruit du romantisme des Lumières et d’une Italie enfin unifiée; elle était touchée par le communautarisme et par ce concept de l’état sacralisé que nous connaissons bien en France;

La République italienne d’aujourd’hui est empreinte de ce Risorgimento, qui a abouti avec l’aide de la France et, parfois, malgré la France, à l’unité finale du pays, quand les révolutionnaires se sont finalement appropriés les états pontificaux au moment de la guerre Franco-Prusse et de la Commune. Le républicain Mazzini avait fait tout au long des hostilités l’éloge d’une république où uniquement ce qui est dans l’intérêt de la collectivité est bon. La république, cet état « saint » n’a pas de place pour une deuxième déité, et l’anti cléricalisme s’était déjà établi progressivement à partir de 1849, quand Cavour, en suivant l’exemple de Robespierre et de Napoléon, cherchait à mettre la main sur les anciennes terres pontificales.

Les italiens n’ont pas guillotiné leurs prêtres ; la manifestation de leur nouvelle république contre l’église était moins violente que celle de la république de Robespierre contre les prêtres refractaires; n’oublions pas que le Vatican lui-même se trouvait seulement à quelques vallées plus loin.

La France a montré la voie de la république dite « moderne ; » grâce essentiellement à Voltaire et à Rousseau ce modèle véhicule des valeurs :

          de quasi-déification de l’Etat et d’humanisme qui n’admet que difficilement la concurrence d’une église, et que l’Islam ne peut accepter ;

          d’égalitarisme, et de la redistribution des richesses par l’intermédiaire d’un état protecteur, sans visage humain;

          du service de l’intérêt de l’état au nom de la collectivité des citoyens avant celui de tel ou de tel citoyen individuel ;

          du communautarisme et du poids de la rue pour que le citoyen puisse se faire entendre;

          du principe sacrosaint de la méritocratie ;

          de la méfiance intestine du pouvoir individuel ou du privilège de celui qui n’a pas été élu par les citoyens ;

          de l’idéalisation des droits mais pas forcément des devoirs;

          d’une communication libre et fluide entre citoyens réputés tous égaux;

Enfin, le catholicisme de ma mère, enfant italien d’avant guerre. Son profil est celui que j’appelle Romaniste

Elle a passé sa jeunesse sous la papauté de Pie XII dans le traditionnel éloge de la pauvreté et sous le manteau d’une mère église toute puissante ;

Un catholicisme bien Romain, classique, où le poids de l’autre monde et la figure de la mère église s’imposait encore sur le pouvoir temporel en Europe ; un catholicisme pas encore empreint du libéralisme de Vatican II; un catholicisme où ce qui est prononcé ex cathedra ne tolère pas de remise en question par les fidèles, ceci malgré leurs difficultés dans un âge scientifique à intégrer un dogme qui apparaît en conflit avec la nature de ce monde; un catholicisme offrant le catharsis du grand sacrement du pardon divin, dans la conception très catholique de l’omni-bénévolence de Dieu; un catholicisme de l’éloge franciscain, bien maternel, de la faiblesse et de la pauvreté; mais c’est aussi une tradition violente d’exclusion d’hérétiques de la collectivité croyante et probablement du Paradis aussi: par l’Inquisition; par les guerres de religion; par les luttes de frontière et de territoire qui, franchement, semblent avoir tout de l’impérialisme ; d’ailleurs, le Vatican est techniquement une monarchie.

Quel est l’impact du catholicisme sur les valeurs et sur le comportement de celui que j’appelle Romaniste ? Qu’il soit catholique ou protestant, il est néanmoins élevé dans une société de majorité catholique et Romaine à laquelle il est forcé de s’adapter. Il me semble que les caractéristiques principales qui le distinguent sont :

          une aptitude à internaliser le dogme en conflit avec son vécu quotidien humain, naturel et empirique ;

          la pensée elliptique, qui permet de rationaliser le dogme en rejetant toute conclusion binaire ; en moralité, le noir et le blanc n’existent plus vraiment ; tout est gris ; rien n’est simple, car le monde est bien trop complexe ; c’est l’argument que la logique divine n’est pas la logique humaine et que, de toute manière, le bon Dieu pardonne tout; c’est le raisonnement qui permet au catholique de pratiquer la contraception en relative impunité ou de ne pas aller à la messe, mais se considérer catholique quand même ; c’est la pensée sans contraintes qui se trouve à l’origine du mysticisme et de cette supériorité Romaniste en matière artistique ;

          un besoin de s’accrocher au Cartésianisme, à la pensée déductive, pour apporter la rigueur d’un peu de logique humaine, quand même ;

          une externalisation de la responsabilité de l’état de son âme sur la mère église toute puissante ;

          l’impunité face au péché et l’optimisme grâce au mystère du pardon divin donnée des mains d’une aristocratie cléricale, peut-être in fine les véritables enfants de Dieu, vivant déjà l’autre monde dans celui-ci;

          c’est cette étrange admiration de la faiblesse et de la pauvreté ;

          la culpabilité au sujet de l’argent ;

          c’est la lutte personnelle continuelle pour justifier que le salut ne se mérite que par la détresse humaine ;

          c’est un refus de donner de l’importance au temps dans ce bas monde face à l’éternité de l’autre.

Nous venons de voir deux dimensions politiques et deux religieuses : Monarchie et République ; Romanisme et Réformisme.

Mon vécu de la vie commune entre mes parents m’a amené à vérifier deux hypothèses :

1.         Que leurs valeurs différentes étaient essentiellement conditionnées par leurs croyances religieuses et politiques ;

2.         Qu’ils illustraient deux pôles opposés des cultures européennes.

Pourquoi se borner aux seuls vecteurs religieux et politiques pour définir des cultures ?

Est-ce que aujourd’hui la religion a vraiment encore cette importance?

Percevons-nous, à titre d’exemple, une quelconque menace de l’Islam ?

Est-ce que la menace perçue est une question de doctrine, ou plutôt de culture ?

En quoi les Français d’aujourd’hui sont-ils si différents de ceux qui ont rejoint les Croisades ou Charles Martel? 

L’Islam vit actuellement son 13ème siècle, son moyen âge; c’est une religion militante, expansionniste, qui ne s’est pas encore remise d’une tutelle Ottomane de fer pendant 500 ans. L’antagonisme larvé entre Christianisme et Islam est millénaire, et il s’inscrit essentiellement dans un registre culturel : c’est un conflit non résolu, qui tue.

Alors, je répète ma question ; est-ce que la religion a une importance culturelle de nos jours?

Comment explique-t-on les 3.500 morts dans la seule ville de Belfast depuis 30 ans? En quoi les préjugés religieux des protestants et des catholiques de l’Irlande du nord sont-ils différents de ceux qui ont conduit Mary Tudor à bruler vifs 300 protestants ou au massacre de la St. Barthélémy il y a 450 ans? Et les différences doctrinales et culturelles entre le Catholicisme et le Protestantisme sont  moins fortes que celles qui existent entre Christianisme et Islam!

Si des hommes sont toujours prêts à s’entretuer pour les conflits de religion, qui pourra me convaincre que la religion n’est pas enracinée au cœur même de nos valeurs et comportements?

Oui ! Le Romanisme très européen de ma mère et le Réformisme très européen de mon père se trouvaient en conflit larvé.

En matière politique ; en quoi serait-on autrement en venant d’une monarchie, (constitutionnelle ou non,) qu’en venant d’une république humaniste?

Le fait que plus que 15.000 nobles français aient été guillotinés pendant la Terreur, m’amène à conclure que l’impact des mots républicains de Jean-Jacques Rousseau sur les valeurs des Français en matière de contrat social était tout aussi fort que celui des déclamations anticléricales de Voltaire.

Alors, non seulement le Réformisme européen de mon père et le Romanisme européen de ma mère étaient en conflit, mais aussi leur Monarchisme et leur Républicanisme, les deux éminemment européens aussi ; c’était ça leur schizophrénie culturelle !

Je maintiens que, si les valeurs religieuses et politiques ont conditionné ces cultures très différentes de mes parents, ils ont alors conditionné les miennes aussi, ainsi que celles de ma sœur, et par extension, celle de l’ensemble des Européens et des peuples des Amériques et de l’Océanie que des Européens ont fondés. Suffit-il de vous citer, (pour une autre culture,) l’affirmation d’un Pakistanais Sunnite, que j’ai rencontré en Italie, à savoir que, « les Talibans ne sont rien autre que les protestants de l’Islam. » Leur croyance dans une moralité absolue, la leur, m’amène à comprendre cette remarque.

2.         Deuxième hypothèse ; qu’ils illustraient deux pôles opposés des valeurs européennes?

Notre Europe est le produit de :

          2000 ans de Christianisme;

          1000 ans de monarchie féodale;

          500 ans d’églises Réformées;

          250 ans de République humaniste sur le modèle français.

N’oublions pas, Mesdames et Messieurs, qu’au moment où nous cherchons une identité nationale, c’est ça l’Europe !

C’est une collection cohérente d’états, aujourd’hui à 80% chrétiens, dont certains sont restés essentiellement Catholiques et d’autres touchés plus ou moins fortement par la Réforme; des états, qui tous, à un moment ou à un autre ont été des monarchies ou principautés féodales, et dont aujourd’hui 11 restent monarchies constitutionnelles, les autres étant républiques ; plus que 20 principautés et monarchies germaniques sont devenues républiques dans les dernières 93 années.

Mettons-nous bien dans la tête que l’Européen moyen est chrétien à 80% et monarchique ou républicain à 100% ; chaque individu de cette majorité chrétienne est un binôme religio-politique car Protestant ou Catholique et Républicain ou Monarchiste:

Les combinaisons de ces valeurs et comportements nous fournissent 4 typologies ; j’utilise des combinaisons des abréviations ROM REF MON REP pour les désigner :

1.         ROMMON 14% des Européens; ce sont essentiellement les Espagnols, et les Belges ; avec la pensée elliptique et l’individualisme ; ils sont à la fois conservateurs et mystiques ;

En ce qui concerne leur comportement, voici quelques exemples :

o          C’est le DG qui démissionne sur le champ car son patron américain veut se réunir avec toute l’équipe à Madrid au lieu de travailler directement en tête à tête avec ce subordonné espagnol;

o          C’est l’équipe de ce patron qui en conclue que, parce que l’américain ne voit pas leur chef en tête à tête, celui-ci va être sûrement viré ;

o          Ce sont ces Flamands qui sont convaincus de leur vraie valeur face aux Wallons ;

o          Ce sont ces Espagnols plutôt sérieux et pas peu fiers de leurs noms longs et aristocratiques;

2.         ROMREP ; ce sont les Français ; les Italiens ;  les Polonais ; les Portugais ; les Irlandais du Sud et une bonne partie des anciens pays de l’Est ; c’était le profil de ma mère et des 45% des Européens qui vivent à l’ouest de l’ancien rideau de fer; ceux qui font l’éloge de la pauvreté et du communautarisme ; ceux qui trouvent le barycentre de leurs convictions à gauche :

Quels peuvent être des exemples qui typifient leur comportement ?

o          C’est l’obnubilisme avec les plus faibles et la diabolisation un peu névrotique des plus forts;

o          C’est le malaise avec l’argent

o          Ce sont les Latins, qui disent “oui,” mais qui pensent “peut-être,” ou même « pas question ! »

o          C’est d’être responsable mais pas coupable;

o          C’est la relaxation judiciaire, (car le pardon est divin,) du délinquant sous le prétexte de sa pauvreté ou de sa misère ou d’avoir eu le bon sens de choisir une cible fortunée ;

o          Ce sont les Français qui préfèrent envoyer leurs enfants en Irlande plutôt qu’en Angleterre pour apprendre l’anglais;

o          Ce sont les Mafieux, qui passent une vie à tuer des innocents et qui reçoivent un superbe enterrement sicilien par l’évêque de Palerme;

o          Ce sont les « fromages » de la fonction publique ;

o          C’est la souplesse face aux principes, car rien n’est simple ;

o          C’est le transfert en masse de responsabilité sur l’état ou sur l’église ;

o          Mais c’est aussi la nostalgie pittoresque de la monarchie, qui se manifeste dans un code de politesse très formel ; dans les fastes viennois malgré la disparition des Habsbourg depuis 1917 ; dans le Bal de l’X à l’Opéra Garnier, ou dans les travaux de l’Association de l’Entraide de la Noblesse Française ; cependant, ces caricatures d’une époque révolue n’ont absolument rien du croc dur de la vraie monarchie contemporaine.

3.         REFMON; nous y trouvons surtout les Anglais, mais aussi les Danois, Suédois et les Norvégiens ; c’était le profil de mon père et de 12% des Européens; qui n’ont aucun problème avec l’argent ni avec le privilège individuel ; où le cœur des gens tend un peu plus à droite .

o          Ce sont ces Anglais qui ne serrent pas la main, et qui restent aimables mais distants ; cordiaux mais, en quelque sorte, insaisissables;

o          Ils entrent dans une pièce sans dire bonjour, et on se demande quelle mouche les a piqué ;

o          Puisque depuis leur plus jeune âge ils apprennent à cacher leurs émotions, ils nous inquiètent par le décalage entre les mots qu’ils prononcent et la passion qui manque sur leurs visages et dans leurs gestes;

o          Ce sont aussi ces Britanniques tout aussi désarçonnés par le coup de gueule gaulois ;

o          C’est le faste du prix Nobel en présence du roi de la Suède ou de la réception de notre Président et de Mme. Sarkozy par la Reine du Royaume-Uni au palais de Buckingham;

o          C’est l’Angleterre qui est, selon le Times, « fendue  par les classes sociales du berceau jusqu’à la tombe ; »

o          C’est l’art perfide de l’exclusion et de l’inclusion sociale;

o          C’est la rigidité victorienne des principes ; à titre d’exemple, de l’Anglais, qui se relocalise professionnellement en France en faisant naïvement confiance à la parole donnée par son PDG, et qui est ensuite offusqué parce qu’il n’a pas eu le job;

o          C’est la conviction de supériorité et la xénophobie des monarchistes qui tiendront leur patrie toujours en marge de l’Europe afin de protéger la couronne contre les étrangers !

o          C’est le contrat russe qui tombe à l’eau parce qu’on envoie un Anglais négocier avec les Russes au lieu d’un Français;

4.         REFREP 9% des Européens; en Europe c’est le cas de la Finlande, de l’Islande et de certains Suisses ; ils croient à la vertu de l’argent et au communautarisme pragmatique et humaniste; :

o          Essayez de pousser une autre voiture garée en utilisant votre pare-choc pour créer de la place en vous garant à Zurich comme vous le faites à Paris; vous risquez d’être appréhendé sur le champ par n’importe quel citoyen suisse de passage, et pas en souplesse, et de vous trouver aussitôt assigné en justice !

o          C’est la rigidité face aux principes, la moralité absolue ;

Mais surtout, les REFREP de référence sont les Américains des Etats-Unis, dont la nation est entièrement fondée sur les valeurs européennes du Calvinisme et de la République;

o          L’exemple du patron espagnol qui démissionne dit beaucoup sur le comportement du REFREP américain, qui, dans sa vocation de leader global, passe trop souvent à côté des sensibilités culturelles de ses interlocuteurs;

o          Ce sont les Américains qui ne prennent pas le temps pour bien comprendre, ni pour bien expliquer et qui arrêtent les réunions uniquement parce que c’est l’heure, même si une discussion essentielle pour comprendre reste en cours ;

o          C’est le maintien de la peine de mort ;

o          C’est le dîner en Floride où un patron américain né dans l’Alabama dit les grâces chrétiennes au microphone dans une salle de 500 dirigeants internationaux, comprenant juifs, musulmans, hindous, shintoïstes et sans doute d’autres religions aussi ;

o          Ce sont les Américains qui trouvent que l’histoire n’a rien à nous apprendre et qui semblent être obligés de répéter en permanence leurs erreurs ; d’ailleurs, Churchill a dit que les Américains « choisiront toujours la meilleure route, mais seulement après avoir essayé toutes les autres auparavant ! »

Mon père était un REFMON et ma mère a été une ROMREP ; sur tous ces points, leurs cultures étaient parfaitement opposées, tout en étant parfaitement européennes ;

Pour ceux qui attendait que je parle de l’Allemagne ou des Pays Bas, ce modèle les situe au croisement des stéréotypes ; ces peuples sont les plus pluralistes d’Europe, chacun ayant en parties égales des populations protestantes et catholiques ; l’un étant devenu république de mémoire vivante et l’autre toujours monarchie, mais très libérale. En revanche, les Länder dans la République Fédérale montrent individuellement des profils très typés de Réformistes ou de Romanistes ; et les Calvinistes des Pays Bas se trouvent géographiquement localisés dans l’Est.

Pour d’autres qui auraient voulu que j’intègre les religions juives et musulmanes, j’avoue m’être focalisé sur les chrétiens, car ils constituent aujourd’hui 80% des européens et peu de temps avant la Réforme, presque la totalité.

Le modèle prédit les valeurs; les comportements; les ressemblances et disparités culturelles ; les écarts de compréhension entre pays.

Il nous aide à comprendre pourquoi les Européens ne se comprennent pas en matière de temps; d’argent; de communautarisme ou d’individualisme; de privilège;  d’isolation sociale; sur la place de l’état; d’empiricisme; de Cartésianisme; de pensée inductive ou déductive; de pragmatisme ou de dogmatisme; de droits et devoirs; de lutte des classes ou égalitarisme; de chauvinisme et xénophobie; et sans doute d’une foule d’autres « -ismes » aussi.

Le modèle a été validé statistiquement avec les données de d’anthropologues culturels éminents; cependant, il comporte toujours ce vieil inconvénient de vouloir généraliser au sujet du comportement humain, mais les analyses sont convaincantes quant à la véritable existence de cette typologie. 

Si je devais tirer deux conséquences de ces idées:

1.         Notre patchwork culturel européen Nordique, Saxon, Celte, Hispanique, Gaulois, Baltique, Latin, Germanique, Slave, Hellénique nous pose un véritable défi, et je reste très pessimiste quant à la probabilité de voir de mon vivant ce rêve se réaliser d’un fédéralisme humaniste et socialisant du type ROMREP si cher aux Français, Italiens et Polonais imposé à l’ensemble des 27 pays de la Communauté, dont certains sont monarchistes;

2.         Le comportement isolationniste américain, qui pose problème, même pour les Britanniques, me semble être assez sérieux; si l’Europe unie n’arrive pas à amener les Etats Unis à contrôler ses pulsions d’intolérance et même de bigoterie afin de respecter la diversité dans la communauté mondiale, les Chinois, qui sont tout aussi intolérants, s’occuperont de leur cas, et, eux, ils n’ont aucun point, ni culturel, ni historique, en commun permettant de pardonner. Un tel conflit serait bien plus grave que l’autre vieux conflit planétaire entre l’Islam et le monde Chrétien, qui trouve aussi son origine dans les écarts de culture.

Enfin, pour vous qui n’avez pas lu « La Voie Romaine » de Rémi Brague, sa thèse est que Rome n’a servi à rien d’autre qu’à transmettre par son empire la pensée juive, grecque et musulmane ; que Rome n’a rien inventé de notre culture!

Elle ne tient pas compte de l’impact des doctrines Chrétiennes, de l’Humanisme de l’âge des Lumières, de la doctrine de la prédestination, de l’extrême individualisme féodal du Prince de Machiavel, ni du communautarisme de la première république, ni même de la pensée elliptique entrainée par le sacrement du pardon divin.

Pourquoi accepterions-nous d’oublier la spécificité Chrétienne de notre histoire européenne ?

En ce moment, les Français cherchent à cerner leur identité nationale ; je crois qu’il faut se rappeler que la spécificité et l’origine de notre Europe commencent par Rome, dans le sillage de son empire, et surtout de son église ; notre origine collectif, c’est le Christianisme ; Athènes se trouve à son extrémité, et, peut-être, Jérusalem, mais le monde Islamique se trouve par définition ailleurs, du moins je crois, de mon vivant.

((Je vous prie de me permettre quelques mots sur la thèse de Rémi Brague, professeur de philosophie arabe à l’université de Paris I, qui définit dans son livre, ‘La Voie Romaine,’ l’Europe en fonction d’Athènes, de Jérusalem, et de l’Islam ! Sa thèse est que Rome n’a servi à rien d’autre qu’à transmettre par son empire la pensée juive, grecque et musulmane.

Sa position est vraiment trop partisane, car ne tenant pas compte du Christianisme, la religion de la majorité écrasante des indigènes européens, et je la trouve de toute manière excessivement fondée dans l’antiquité; la philosophie a bougé depuis Platon et Aristote, et la bible chrétienne contient un Nouveau Testament aussi ; mais où le Prof. Brague a-t-il laissé l’impact sur les valeurs européennes des doctrines Catholiques et protestantes, de la monarchie féodale, de l’âge des Lumières ou de l’Humanisme? Soyons sérieux ! Ni Athènes, ni Jérusalem, ni l’Islam n’ont eu d’effet  probant sur la doctrine de la prédestination, ou sur l’extrême individualisme féodal du Prince de Machiavel, ou sur le communautarisme de la première république, ou sur l’humanisme des Lumières, ou même sur la pensée elliptique entrainée par le sacrement du pardon divin.

Pourquoi accepterions-nous d’oublier la spécificité Chrétienne et politique de notre histoire européenne ?

En ce moment, les Français cherchent à cerner leur identité nationale ; je crois qu’il faut se rappeler que la spécificité et l’origine de notre Europe commencent par Rome, dans le sillage de son empire, et surtout de son église ; notre origine collectif, c’est le Christianisme ; Athènes se trouve à son extrémité, et, peut-être, Jérusalem, mais le monde Islamique se trouve par définition ailleurs, du moins, pour le moment.))

 

La Révolution française est intervenue à la fin des 30 étés les plus froids des dernières 600 ans et quand l’Europe se trouvait au fond d’un cycle économique de Kondatrief : il aurait fait plus chaud et le cycle de Kondatrief se serait trouvé au point haut, est-ce que la France serait restée une monarchie? Après tout, les paysans ne cherchaient que du pain ! Bien que les étés froids aient un impact indéniable sur le comportement, personne ne me fera croire que les opinions politiques et religieuses ne sont pas les principaux  déterminants de construction de nos cultures nationales.

Mesdames et Messieurs, merci !

 

 

Travaux

Sources: K Lewin 1936 Topological Psychology-émigré allemand aux Etat-Unis; T Parsons 1951 The Social System-américain; Gert Hofstede 1973 IBM Europe studies-hollandais; Trompenaars –hollandais et Hampden-Turner- anglais 1997 Riding the Waves of Cuture

 

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